Alors que le monde redouble d’efforts pour lutter contre le changement climatique, les scientifiques s’appuient sur des outils puissants appelés modèles climatiques pour anticiper l’avenir.
Ces modèles simulent les systèmes climatiques de la Terre et nous aident à comprendre les tendances futures en matière de température, précipitations, montée du niveau de la mer et phénomènes extrêmes.
Alors, que nous disent les modèles pour la prochaine décennie ?
1. LES TEMPÉRATURES MONDIALES VONT CONTINUER D’AUGMENTER
La plupart des grands modèles — ceux de la NASA, de la NOAA, de l’ECMWF, ainsi que ceux du GIEC (CMIP6) — sont unanimes :
les températures continueront à grimper.
- Selon les trajectoires actuelles d’émissions, la planète pourrait se réchauffer de 0,2 à 0,4 °C supplémentaires d’ici 2035.
- Cela signifie que le seuil critique de +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle pourrait être franchi dès le début des années 2030, voire avant.
« Nous vivons déjà dans la décennie la plus chaude jamais enregistrée. La prochaine pourrait être encore plus chaude. » — NASA GISS
2. DES VAGUES DE CHALEUR PLUS FRÉQUENTES ET PLUS INTENSES
Les modèles climatiques montrent de façon constante que les vagues de chaleur deviendront plus fréquentes, plus longues et plus extrêmes.
- Les zones urbaines seront particulièrement vulnérables en raison de l’effet d’îlot de chaleur urbain.
- L’Asie du Sud, la Méditerranée et le sud des États-Unis font partie des régions les plus exposées aux indices de chaleur dangereux.
Projection : D’ici 2035, le nombre de jours de chaleur extrême pourrait doubler dans de nombreuses régions.
3. LE NIVEAU DES MERS CONTINUERA DE MONTER
D’après les projections de la NASA et du GIEC, le niveau moyen mondial de la mer devrait s’élever de 8 à 18 cm au cours des 10 prochaines années.
- Cela entraînera davantage d’inondations côtières, en particulier dans les zones basses comme l’Asie du Sud-Est, les côtes du Golfe du Mexique et les petites îles.
- La fonte des glaces au Groenland et en Antarctique reste le principal facteur de cette élévation.
4. PERTURBATIONS RÉGIONALES ET POINTS DE BASCULE CLIMATIQUES
Les modèles deviennent de plus en plus régionaux et simulent des effets localisés :
- Europe : hivers plus humides, étés plus secs, incendies plus fréquents.
- Arctique : été sans glace probable d’ici 10 ans dans les pires scénarios.
- Afrique : changement des régimes de mousson, augmentation des sécheresses.
- Amazonie : risque de dépérissement forestier pouvant provoquer des boucles de rétroaction climatique.
Certains modèles signalent aussi des points de bascule potentiels :
- Effondrement de la circulation méridienne de retournement atlantique (AMOC)
- Dégel du pergélisol libérant du méthane
- Recul accéléré de la banquise arctique
5. PEUT-ON CHANGER CES RÉSULTATS ?
Les modèles climatiques ne sont pas des prédictions figées, mais des projections basées sur les tendances actuelles.
Des mesures globales fortes au cours de cette décennie pourraient ralentir ou éviter les pires scénarios.
Exemple : le scénario SSP1–2.6 (voie durable à faibles émissions) montre :
- Une stabilisation de la température autour de +1,6 °C
- Une montée des eaux plus lente
- Une réduction des risques d’incendies et de sécheresses
LES ANNÉES 2020 SONT DÉCISIVES
Les 10 prochaines années façonneront les 100 à venir.
Les modèles climatiques nous montrent la direction que nous prenons — mais pas la destination finale.
Les décisions prises aujourd’hui, qu’il s’agisse de politique énergétique, d’urbanisme ou de préservation des écosystèmes, détermineront si notre avenir sera meilleur ou bien pire.