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Récit de survie lors des inondations en Émilie-Romagne, Italie (mai 2023)

Personne interviewée : Marco Bellini, 42 ans, ancien propriétaire de café
Lieu : Cesena, Italie

Q : MARCO, QUE S’EST-IL PASSÉ CETTE NUIT-LÀ ?

Marco :
Il avait commencé à pleuvoir deux jours avant. Au début, on pensait que c’était juste un orage de printemps de plus. Mais la pluie ne s’est pas arrêtée. À minuit, le troisième jour, la rivière a débordé. L’eau est arrivée d’un coup — pas lentement comme dans les films. Elle rugissait.

Q : AVEZ-VOUS ÉTÉ PRÉVENU À L’AVANCE ?

Marco :
Oui, il y a eu des alertes, mais aucune ne reflétait réellement l’urgence de la situation. Ma femme m’a dit : « On devrait préparer un sac. » Je ne l’ai pas écoutée. Une heure plus tard, l’eau entrait déjà dans la maison. Quand on est partis, elle m’arrivait à la poitrine. On a tout perdu. Notre maison. Mon café. Ma voiture.

Q : COMMENT AVEZ-VOUS RÉUSSI À VOUS ÉCHAPPER ?

Marco :
Nous sommes montés sur le toit. Une équipe de secours en bateau nous a trouvés vers 5 heures du matin. Je me souviens du silence, alors qu’on dérivait au-dessus de ce qui était autrefois ma rue. Il n’y avait que des toits et de l’eau. C’était irréel.

Q : QUE S’EST-IL PASSÉ ENSUITE ?

Marco :
Nous avons passé trois semaines dans un gymnase d’école. Ma fille de 9 ans n’arrêtait pas de demander quand on rentrerait à la maison. Je ne savais pas quoi lui répondre. Tout ce que nous avions construit en 15 ans a été emporté en une seule nuit.

Q : QUE VOUDRIEZ-VOUS DIRE AUX GENS D’AUTRES PAYS QUI PENSENT QUE ÇA NE PEUT PAS LEUR ARRIVER ?

Marco :
On croit toujours que ces catastrophes arrivent ailleurs — jusqu’à ce que ce soit votre maison, votre rue, votre enfant qui tremble dans vos bras. Le climat change. Ce n’est plus une question. La vraie question, c’est : à quelle vitesse allons-nous nous adapter ?

NOTE DE LA RÉDACTION :

Les inondations de mai 2023 en Émilie-Romagne comptent parmi les plus graves de l’histoire récente de l’Italie. Plus de 36 000 personnes ont été déplacées, et les dommages se chiffrent en milliards d’euros.
L’histoire de Marco est l’une parmi tant d’autres — un rappel que les catastrophes climatiques deviennent plus soudaines, plus violentes et plus personnelles.


 

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